Lus-la-Croix-Haute... Un village que j'ai traversé une centaine de fois sans jamais m'y arrêter. Je me suis toujours promis d'y randonner, les sommets alentours sont magnifiques. C'est donc chose faite, et j'avais vu juste, c'est superbe.
Nous démarrons un samedi matin du centre du village, où nous avons garé la voiture. Je me retourne une dernière fois pour vérifier si je suis bien garé (oui, je fais ce genre de chose) et j'aperçois un panneau juste au-dessus de la voiture : "Jour du marché, interdiction de stationner le dimanche". Changement de plan ! Nous démarrons finalement d'un parking publique un peu excentré du centre, soulagés d'avoir évité de nous retrouver devant une place de parking vide après 3 jours de marche.
Afin d'éviter la première partie de la randonnée sur la route (1h / 1h30 de marche en plein soleil), nous levons le pouce, avec notre petite pancarte "Jarjatte". Après dix minutes la première voiture passe, et ô joie s'arrête ! Cette habitante de la Jarjatte nous y amène et fait même le petit détour vers le camping (fin de la route) pour nous y déposer, sympa !
11h40 : on commence fort, heureusement à l'ombre des feuillages.
Plus aucun arbre, nous sommes dans un alpage. Après un petit photoshoot avec mes copines ruminantes, nous avançons une petite heure sur ce gigantesque alpage pour manger au milieu de l'herbe vers 14h.
Arrivés au Col de Jagène, nous entamons la partie la plus difficile de la journée, redescendre 400m pour en remonter 200. À la clé, notre possible premier spot de bivouac au col de Tournerond (spoiler : nous nous y installerons effectivement)
Nous voilà, les jambes très lourdes (l'entrainement laissait à désirer il faut avouer), sur ce magnifique col. Au plat, sans vent (je craignais un peu ça), et sans pâturage, bref l'endroit rêvé pour planter la tente. Un immense Patou du pâturage en contrebas (assez lointain pourtant) vient nous analyser quelques minutes pour jauger le danger avant la nuit. J'imagine bien ce chien faire le tour du propriétaire, tous les soirs, pour assurer la sécurité de ses compères moutons.
*Avec un petit changement d'itinéraire (en vert sur la carte interactive), car des amis nous ont récupérés en voiture.
Aujourd'hui, nous devions rejoindre des amis au Col de la Croix Haute pour continuer la randonnée à quatre. Cependant, nous sommes en retard, et nous leur proposons qu'ils nous récupèrent au hameau des Amayères, bien plus proche pour nous (mais hors du sentier original), afin qu'il ne nous attendent pas pendant une heure.
Nous trouvons des fontaines dans les hameaux, parfait pour se charger en eau. Nous pensons ne pas en retrouver d'ici demain matin, je remplis donc mes 6 litres de poches à eau. Heureusement, nos copains nous proposent de partager la charge pour la journée (amour sur eux).
En partant du col de la Croix Haute, un chien s'incruste. Après quelques minutes, nous décidons de regarder son collier. "Willow, 06 XX XX XX XX". Nous appelons ce numéro, et nous tombons sur le restaurateur au col de la Croix Haute :
- Ah oui vous êtes le groupe de randonneurs que j'ai vu partir à l'instant.
- Oui, on fait quoi de votre chien il veut pas nous lâcher.
- Ah vous inquiétez pas, il va vous suivre et faire la rando avec vous, il est habitué.
Sur ces mots nous raccrochons, perplexes et résignés (il ne nous avait pas laissé le choix à vrai dire). Nous en apprendrons un peu plus à son sujet par la suite.
Au début le tracé est visible, mais dès que nous commençons à grimper dans le dur, les traces jaunes deviennent de plus en plus cachées. C'est ici que Willow va nous venir en aide : connaissant le chemin de la randonnée par cœur, il passe devant et nous guide. La fin de la montée est bien escarpée, mais jamais dangereuse.
Nous voici presque en haut de la crête, quand nous apercevons un troupeau de moutons et leur berger s'approcher. Nous préférons faire une pause et rester immobile, le temps que les 3 chiens du troupeau nous reniflent (et bavent allègrement sur mon sac).
Pas trop de problème avec Willow, les chiens se connaissent. Cependant en discutant avec le berger, il nous apprend que notre chien adoptif est un sacré problème pour les bergers du coin.
En effet, il est errant et la gendarmerie a souvent été appelée pour régler le problème. "Pas plus tard qu'hier le restaurateur s'est pris une amende" nous informe le berger, "le chien a déjà été retrouvé jusque dans la Drôme" (la montagne de Jocou étant la frontière avec la Drôme).
Nous sommes donc bien embêtés de contribuer malgré nous à la situation.
Après cette rencontre, c'est l'heure du repas sur la crête puis d'un petit photoshoot sur le sommet de la montagne de Jocou. Willow se cale à nos pieds sans quémander, il est quand même bien élevé ce loulou.
Deux choix s'offrent à nous pour la nuit : soit nous repartons pour quelques heures de marche sans savoir s'il va y avoir un coin plat pour dormir, soit nous continuons à marcher sur 2 km seulement pour planter la tente là où nous avons repéré un replat sur la carte topographique. Il est déjà 16h30 (oui on a fait une bonne pause repas, et alors ?) et nous préférons profiter du lieu, ce sera l'option 2.
Et nous y voilà, nos amis repèrent un chemin non balisé pour retourner au col de la Croix Haute (qui s'est avéré être un passage compliqué dans les fougères, oups). Il est temps de dire adieu à Willow qui va continuer avec eux jusqu'à chez lui (malin ce chien, y'a pas à dire).
Après un peu de farniente, le soleil se couche, et notre repas lyophilisé nous ravit.
Le paysage est magnifique ce matin. Après notre petit déjeuner, alors que nous rangeons l'intérieur de la tente, nous entendons des cloches et des bêlements...
En sortant la tête de la tente, nous voyons un troupeau arriver vers nous depuis les hauteurs, accompagné de son berger, d'un âne domestique et des 3 chiens d'hier. Le plus gros s'approche de nous comme la veille, et commence à uriner sur la tente... Comment gronder un si gros chien "de défense" sans se faire mordre, voir manger ? Nous observons le triste sort de notre tente, impuissants (heureusement qu'elle est déperlante, nous l'avons rincée après). Notre technique infaillible pour la suite : le caresser loin des affaires pour qu'il arrête d'uriner partout (il s'avère en fait être un énorme nounours câlin).
Et c'est reparti, nous avons raccourci notre itinéraire du jour car nous avons pris du retard, nous ne passerons donc pas par l'Aupillon, mais redescendrons directement dans la vallée après le Col de Grimone (itinéraire vert sur le topo)
Le chemin est totalement effacé, nous sommes en plein dans un alpage. Nous suivons la trace GPS sur le téléphone pour éviter de se perdre.
Après le col de Grimone, je confesse n'avoir par fait de photos. Mais en résumé : nous suivons un petit chemin de GR longeant un cours d'eau, puis marchons longuement sur un chemin carrossable plat avant d'arriver dans de petits hameaux.
Après un petit peu de marche au bord de la route pour arriver à Lus, nous retrouvons la voiture, fatigués mais ravis. Et maintenant, les choses sérieuses : va-t-on trouver un restaurant ouvert à 14h un lundi en septembre ?